Introduction
L’intelligence artificielle (IA) connaît un essor fulgurant et transforme déjà de nombreux secteurs d’activité. D’ici 2035, son impact sur l’emploi mondial devrait s’intensifier, soulevant à la fois des inquiétudes et de nouvelles opportunités. Des études estiment qu’une proportion significative des emplois actuels est automatisable, mais parallèlement l’IA et d’autres technologies créeront de nouveaux métiers. Par exemple, le Forum économique mondial (WEF) prévoit qu’à l’horizon 2030 les technologies d’IA entraîneront la création d’environ 170 millions de nouveaux emplois dans le monde, tout en rendant 92 millions d’emplois actuels obsolètes (WEF: AI Will Create and Displace Millions of Jobs | Sustainability Magazine). Cette transformation du marché du travail s’annonce comme l’une des plus importantes depuis la révolution industrielle (WEF: AI Will Create and Displace Millions of Jobs | Sustainability Magazine).
Plusieurs tendances technologiques alimentent cette mutation. L’IA générative en est un moteur récent : depuis l’apparition de modèles comme ChatGPT fin 2022, les investissements dans l’IA générative ont été multipliés par huit (WEF: AI Will Create and Displace Millions of Jobs | Sustainability Magazine). De même, les progrès en robotique, en véhicules autonomes et en analyse de données (big data) améliorent sans cesse les capacités d’automatisation. Dans ce contexte, il est crucial d’identifier quels métiers sont les plus menacés par l’automatisation et quels nouveaux métiers connaîtront une forte expansion, afin d’anticiper les compétences à développer pour s’adapter à l’horizon 2035.
Les professions les plus menacées par l’automatisation de l’IA
Les emplois les plus vulnérables face à l’IA sont généralement ceux qui comportent des tâches répétitives, routinières ou prévisibles, qu’elles soient manuelles ou intellectuelles. L’automatisation permet déjà à des algorithmes ou des robots d’exécuter ces tâches plus rapidement, sans fatigue et à moindre coût. Plusieurs secteurs et métiers sont identifiés comme particulièrement à risque de disparition ou de réduction significative d’ici 2035 :
- Administratif et support de bureau : Les tâches de secrétariat, saisie de données, tenue de dossiers ou comptabilité de base peuvent être largement confiées à des logiciels d’IA. Selon une étude de l’OCDE, plus de 90 % des emplois d’assistants de bureau pourraient être automatisés d’ici 2035 (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils). Cela en fait l’un des domaines les plus exposés à la disparition de postes. De même, les postes d’agents de saisie de données ou de standardistes sont amenés à décliner fortement.
- Transports et logistique : L’émergence des véhicules autonomes menace des millions d’emplois de conducteurs (chauffeurs routiers, chauffeurs de taxi, livreurs). Des camions autonomes pourraient devenir une réalité industrielle d’ici une dizaine d’années, ce qui entraînerait la disparition de nombreux emplois de routiers (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils). Plus largement, près de 60 % des emplois dans la logistique et le transport de marchandises pourraient être automatisés d’ici 2035 grâce à l’IA et à la robotique (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils).
- Industrie manufacturière : Les ouvriers affectés à des tâches d’assemblage ou de manutention répétitive sont progressivement remplacés par des robots intelligents sur les chaînes de production. Cette automatisation de l’usine, déjà en cours depuis des décennies, continue de s’étendre à de nouvelles tâches avec l’IA, réduisant les besoins en main-d’œuvre peu qualifiée dans l’industrie (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils).
- Services financiers : Les métiers de la banque et de la finance subissent une automatisation croissante via des algorithmes capables d’analyser d’énormes volumes de données et de prendre des décisions en temps réel. Des postes d’analyste financier, de trader ou de conseiller en investissement sont menacés. La Banque d’Angleterre estime par exemple que près de 50 % des emplois dans les services financiers britanniques pourraient être automatisés d’ici 2030 (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils). Les « robo-conseillers » et autres outils d’IA financière remplacent déjà certaines fonctions de conseil de base.
- Secteur juridique : De nombreuses tâches réalisées par les professions juridiques – recherche de jurisprudence, rédaction de contrats standard, analyse de documents – peuvent être accomplies par des IA entraînées sur des bases de textes juridiques. Des cabinets d’avocats utilisent d’ores et déjà des chatbots ou logiciels pour traiter des tâches à faible valeur ajoutée. Une étude Deloitte indique que 39 % des tâches effectuées par les avocats pourraient être automatisées d’ici 2030 (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils). Les postes d’assistant juridique et de documentaliste juridique sont particulièrement concernés.
- Marketing et publicité : La création de contenus promotionnels, le ciblage d’audience ou l’analyse des données clients peuvent être optimisés par l’IA. Des outils d’apprentissage automatique génèrent aujourd’hui automatiquement des textes publicitaires ou des suggestions de campagnes marketing ciblées, réduisant le besoin en chargés de marketing pour ces missions spécifiques (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils). De même, l’achat d’espace publicitaire est de plus en plus géré par des algorithmes (publicité programmatique).
- Service client et commerce : Les emplois de conseiller clientèle et de support client sont menacés par la généralisation des assistants virtuels et chatbots. Ces agents conversationnels, de plus en plus sophistiqués, sont capables de résoudre la plupart des demandes basiques. D’ici 2025, ils pourraient traiter 90 % des requêtes standard des clients dans de nombreux secteurs (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils), ce qui réduit d’autant le besoin d’opérateurs humains pour le premier niveau de support. De même, dans le commerce de détail, la combinaison du e-commerce, des caisses automatiques et de l’analyse prédictive des stocks annonce un recul des postes de vendeurs, de caissiers et de gestionnaires de stock (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils).
- Journalisme et rédaction : L’IA générative est désormais capable de rédiger automatiquement des articles factuels, des synthèses de rapports ou des contenus web à partir de données structurées. Des agences de presse utilisent déjà des algorithmes pour produire des brèves (par exemple sur les résultats financiers des entreprises). Cette tendance constitue une menace pour les journalistes, rédacteurs et auteurs de contenus répétitifs, qui doivent se réorienter vers des formats à plus forte valeur ajoutée créative (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils).
En résumé, de nombreux emplois « traditionnels » ou à faible qualification risquent de perdre du terrain face à l’automatisation. On retrouve parmi les métiers en déclin continu des postes comme caissier, assistant administratif, agent de saisie de données, ou employé de poste, tendances désormais aggravées par l’essor de l’IA ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France). Le tableau ci-dessous synthétise quelques secteurs particulièrement menacés et les métiers typiques associés :
Ce tableau n’est pas exhaustif, mais illustre les secteurs où l’automatisation et l’IA risquent de supprimer le plus d’emplois d’ici 2035. Ces métiers devront se réinventer ou évoluer vers des fonctions non automatisables. Notons que l’IA générative élargit récemment le champ des emplois menacés au-delà des seules tâches répétitives : même des métiers créatifs comme les graphistes ou les designers commencent à être concurrencés par des IA capables de générer des visuels et des designs automatiquement ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France). De manière générale, l’automatisation complète d’un métier reste rare – moins de 5 % des professions peuvent être entièrement automatisées selon McKinsey (Jobs of the future: Jobs lost, jobs gained | McKinsey) – mais presque tous les emplois comportant une part de tâches routinières subiront des transformations importantes.
Les métiers en forte expansion grâce à l’IA et aux technologies émergentes
En parallèle de ces menaces, l’IA et les nouvelles technologies vont créer de nouveaux emplois et dynamiser certains métiers existants. L’histoire montre que chaque révolution technologique s’accompagne de l’émergence de nouveaux rôles professionnels – il en va de même avec l’IA. D’ici 2035, on s’attend à une forte croissance des métiers liés au développement, à la maintenance et à l’utilisation de ces technologies, ainsi qu’à d’autres secteurs porteurs comme la transition écologique ou les soins à la personne. Selon le Forum économique mondial, les postes liés aux technologies de l’information et du numérique dominent déjà la liste des emplois à plus forte croissance d’ici la fin de la décennie (Future of Jobs Report 2025: These are the fastest growing and declining jobs | World Economic Forum). Voici quelques domaines appelés à recruter fortement sous l’effet de l’IA et du progrès technologique :
- Intelligence artificielle et science des données : Sans surprise, les spécialistes de l’IA sont très demandés. Cela inclut les ingénieurs en apprentissage automatique (machine learning), les data scientists et analystes Big Data, ou encore les architectes de systèmes d’IA. Ces experts conçoivent, entraînent et améliorent les algorithmes d’IA. D’après le WEF, les Big Data specialists, les AI and Machine Learning specialists comptent parmi les trois métiers à la plus forte croissance d’ici 2030 (Future of Jobs Report 2025: These are the fastest growing and declining jobs | World Economic Forum). Le besoin est mondial, du secteur des technologies aux industries traditionnelles qui intègrent l’IA dans leurs processus.
- Développement logiciel et ingénierie : La transformation numérique continue de créer une forte demande en développeurs d’applications, ingénieurs logiciel, experts DevOps et autres professionnels de l’informatique. Créer et maintenir les infrastructures logicielles, les plateformes cloud et les outils d’automatisation requiert une main-d’œuvre qualifiée. Les software developers figurent ainsi dans le top 5 des fonctions en croissance selon le WEF (Future of Jobs Report 2025: These are the fastest growing and declining jobs | World Economic Forum). De plus, l’essor de l’IA génère des besoins spécifiques en intégration de systèmes et en maintenance des nouveaux outils automatisés.
- Cybersécurité et gestion des risques : Plus les entreprises dépendent des technologies numériques et de l’IA, plus elles doivent se protéger des cyberattaques et des pannes. Les postes d’expert en cybersécurité, d’analyste en sécurité informatique ou de responsable de la sécurité des systèmes d’information font partie des métiers en plein essor. Les dernières tendances et tensions géopolitiques accroissent encore ce besoin, si bien que des security management specialists apparaissent dans les métiers à plus forte croissance identifiés par le WEF (Future of Jobs Report 2025: These are the fastest growing and declining jobs | World Economic Forum).
- FinTech et technologies financières : La numérisation de la finance et l’apparition de nouvelles technologies (blockchain, cryptomonnaies, paiements digitaux) stimulent des rôles comme ingénieur fintech, développeur blockchain, ou analyste en crypto-finance. Le WEF classe les fintech engineers parmi les métiers à la croissance la plus rapide d’ici 2030 (Future of Jobs Report 2025: These are the fastest growing and declining jobs | World Economic Forum). Ces spécialistes combinent des compétences en finance et en développement logiciel, très recherchées par les banques, assurances et startups financières pour innover (paiements mobiles, banque en ligne, etc.).
- Robots et automatisation industrielle : Paradoxalement, l’automatisation elle-même crée des emplois – ceux qui conçoivent, programment et entretiennent les robots. Les ingénieurs en robotique, techniciens en automatisation et spécialistes de la maintenance de robots seront très sollicités pour déployer ces technologies à grande échelle. Par exemple, l’industrie automobile recrute des ingénieurs pour développer les véhicules autonomes et robots d’usine. On voit également apparaître des postes de techniciens en robotique médicale, chargés de superviser les robots chirurgicaux ou les appareils automatisés dans les hôpitaux.
- Transition écologique et énergies renouvelables : Les préoccupations environnementales et les progrès technologiques dans l’énergie créent de nouveaux métiers high-tech. On observe une croissance rapide des postes d’ingénieur en énergies renouvelables (solaire, éolien…), d’ingénieur environnemental ou de spécialiste des véhicules électriques et autonomes (Future of Jobs Report 2025: These are the fastest growing and declining jobs | World Economic Forum) ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France). La transition vers une économie plus verte s’accompagne d’une forte demande en compétences pour développer des solutions technologiques durables (smart grids, efficacité énergétique, stockage de l’énergie, etc.). Selon le WEF, ces professions axées sur l’écologie figurent parmi les plus dynamiques d’ici 2030 ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France).
- Santé et biotechnologies : Le secteur de la santé va également créer de nombreux emplois, sous l’effet du vieillissement démographique et des innovations technologiques. Les métiers du soin (infirmiers, aides-soignants, gériatrie) resteront en forte demande, car ce sont des rôles difficilement automatisables nécessitant des interactions humaines. En parallèle, l’essor de la santé numérique (télémédecine, diagnostics assistés par IA, dispositifs médicaux connectés) génère des besoins en spécialistes de l’informatique médicale, bio-informaticiens, techniciens d’ingénierie biomédicale, etc. Par exemple, le développement et le suivi des systèmes d’IA en imagerie médicale requièrent des professionnels hybrides maîtrisant à la fois la data et l’anatomie. Le Forum économique mondial souligne que le vieillissement des populations accroît la demande de personnel soignant partout dans le monde ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France) ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France), ce qui en fait un secteur d’emploi très porteur d’ici 2035.
- Éducation et formation : Enfin, pour accompagner ces transformations, le domaine de la formation devra se développer. Des formateurs en compétences numériques, conseillers en transition de carrière, ou concepteurs de programmes d’e-learning seront de plus en plus nécessaires pour aider la main-d’œuvre à acquérir les nouvelles compétences exigées par le marché. De plus, la croissance des populations en âge de travailler dans certaines régions du monde stimule le besoin en enseignants et formateurs ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France). Si l’éducation elle-même s’automatise partiellement (outils d’apprentissage en ligne, tuteurs virtuels), elle nécessite en retour de nouveaux spécialistes pour créer et gérer ces plateformes.
On constate que les métiers en expansion se concentrent souvent sur des compétences technologiques pointues ou impliquent une créativité et une expertise non remplaçables par des machines. Le tableau suivant résume quelques domaines émergents et exemples de professions associées en forte croissance :
Là encore, cette liste n’est pas exhaustive. Une partie des métiers de 2035 n’existent même pas encore aujourd’hui – on estime que 8 à 9 % des emplois de 2030 seront dans des professions totalement nouvelles apparues avec les technologies (Jobs of the future: Jobs lost, jobs gained | McKinsey). L’innovation crée en continu de nouveaux besoins, qu’il s’agisse de développer des algorithmes d’IA éthiques, de superviser la coexistence homme-machine, ou d’inventer des rôles autour d’industries émergentes. Le défi sera de former à temps la main-d’œuvre pour pourvoir ces postes.
Par ailleurs, toutes les régions du monde ne connaîtront pas ces évolutions au même rythme. Les pays avancés et à revenu intermédiaire adoptent plus rapidement l’IA et l’automatisation, tandis que dans les pays à faible revenu, l’adoption est plus lente faute d’infrastructures (WEF: AI Will Create and Displace Millions of Jobs | Sustainability Magazine). De plus, des dynamiques démographiques contrastées font que certains emplois « classiques » continueront de croître localement (par exemple les ouvriers du bâtiment dans les économies en développement en forte urbanisation, ou les employés agricoles dans certaines régions) ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France). Néanmoins, la tendance globale reste une montée en puissance des métiers hautement qualifiés liés aux nouvelles technologies, et des métiers de service à la personne difficilement automatisables.
Tendances globales et projections du marché du travail d’ici 2035
De nombreux organismes ont tenté d’estimer en chiffres l’impact de l’IA et de l’automatisation sur l’emploi à moyen et long terme. Bien que les méthodologies diffèrent – ce qui explique des écarts parfois importants entre les projections – tous s’accordent sur l’ampleur du bouleversement à venir. Voici quelques prévisions marquantes à l’échelle mondiale, à horizon 2030-2035 :
- Forum économique mondial (WEF) – Future of Jobs Report 2025 : D’ici 2030, les technologies d’IA et de traitement de l’information pourraient transformer 86 % des entreprises. Le WEF anticipe la création de 170 millions de nouveaux emplois dans le monde, contre 92 millions d’emplois supprimés ou remplacés sur la même période (WEF: AI Will Create and Displace Millions of Jobs | Sustainability Magazine) (WEF: AI Will Create and Displace Millions of Jobs | Sustainability Magazine). Cela représente un solde net positif (+78 millions), avec des gains concentrés dans le numérique, l’ingénierie, la santé, tandis que les pertes toucheraient surtout l’administration, la fabrication ou la comptabilité. Le WEF souligne aussi que la robotisation stricte (robots physiques) pourrait détruire légèrement plus d’emplois qu’elle n’en crée, mais que l’IA logicielle et la digitalisation auraient un effet net créateur d’emplois (Future of Jobs Report 2025: These are the fastest growing and declining jobs | World Economic Forum).
- Cabinet McKinsey & Company – Jobs lost, jobs gained (2017) : Selon ce cabinet de conseil, entre 400 et 800 millions d’individus pourraient être déplacés hors de leur emploi actuel du fait de l’automatisation d’ici 2030, dans l’hypothèse d’une adoption rapide des technologies (Jobs of the future: Jobs lost, jobs gained | McKinsey). Environ 75 à 375 millions de travailleurs devront carrément changer de catégorie d’emploi et acquérir de nouvelles compétences pour se reconvertir sur cette période (Jobs of the future: Jobs lost, jobs gained | McKinsey). Ces chiffres vertigineux signifient qu’environ 20 à 30 % de la main-d’œuvre mondiale devrait effectuer une transition professionnelle majeure. Néanmoins, McKinsey ne prévoit pas de chômage technologique massif à long terme : en extrapolant la création de nouveaux métiers (dans la santé, la technologie, les énergies vertes, etc.), il conclut qu’avec suffisamment d’innovation et d’investissements, les emplois créés compenseront globalement les emplois automatisés d’ici 2035 (Jobs of the future: Jobs lost, jobs gained | McKinsey). L’histoire économique tend à montrer que les gains de productivité se traduisent par de nouvelles demandes et donc de nouveaux emplois, à condition d’y préparer les travailleurs.
- Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) – Étude sur le futur du travail (2018) : En moyenne dans les pays de l’OCDE, 14 % des emplois existants présentent un risque élevé d’automatisation intégrale à moyen terme, et environ 32 % des emplois subiront des transformations majeures de leur contenu du fait de l’IA (OECD predicts that automation will eliminate 14 percent of jobs | Observatory – Institute for the Future of Education) (OECD predicts that automation will eliminate 14 percent of jobs | Observatory – Institute for the Future of Education). Les secteurs les plus touchés seraient l’agriculture, l’industrie manufacturière et certaines fonctions administratives. L’OCDE note que les emplois peu qualifiés et répétitifs sont bien plus menacés que ceux exigeant un haut niveau d’étude et de la formation continue (OECD predicts that automation will eliminate 14 percent of jobs | Observatory – Institute for the Future of Education). Par ailleurs, ces moyennes cachent des disparités : dans certains pays très industrialisés, la part des emplois automatisables pourrait être plus élevée, tandis que les économies à bas salaires pourraient connaître une adoption un peu plus lente de l’automatisation.
- Autres estimations : Une étude de la Banque mondiale en 2016 avait fait sensation en estimant que 57 % des emplois dans les pays de l’OCDE étaient « menacés » par l’automatisation à l’horizon 2035 (L’automatisation, une arme de destruction massive de l’emploi?). À l’inverse, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) avançait une estimation plus prudente de 10 à 15 % d’emplois entièrement automatisables seulement (L’automatisation, une arme de destruction massive de l’emploi?). En France, le cabinet Roland Berger a estimé qu’environ 42 % des emplois français pourraient disparaître ou se transformer radicalement d’ici 2035 dans un scénario technologique poussé (L’automatisation, une arme de destruction massive de l’emploi?). Ces écarts illustrent l’incertitude qui entoure les projections : l’impact exact dépendra du rythme d’adoption de l’IA, du niveau d’investissement, du cadre réglementaire et de la capacité des économies à créer de nouveaux débouchés.
Malgré la variété de ces chiffres, la tendance générale est claire : nous allons vers un marché du travail profondément restructuré par les technologies d’ici 2035. Des millions d’emplois traditionnels seront automatisés, tandis que de millions de nouveaux emplois surgiront. Le solde net global pourrait être positif si la transition est bien gérée (le WEF et d’autres anticipent plus de créations que de destructions), mais de nombreux travailleurs individuels seront confrontés à des transitions professionnelles difficiles. Le principal enjeu est donc d’accompagner cette transition pour minimiser les conséquences sociales négatives.
Impact sur les compétences et adaptation du marché du travail
Face à ces mutations annoncées, une constante revient dans tous les rapports : l’adaptation des compétences sera la clé pour que travailleurs et entreprises tirent parti de l’IA au lieu de la subir. Les métiers évoluent et, plutôt que de craindre une disparition totale de l’emploi, il faut anticiper une transformation des compétences requises dans presque chaque profession. En moyenne, près de 40 % des compétences jugées essentielles aujourd’hui ne le seront plus d’ici 5 ans environ (WEF: AI Will Create and Displace Millions of Jobs | Sustainability Magazine). Autrement dit, d’ici 2030, la quasi-moitié des savoir-faire et savoir-être devra être renouvelée ou actualisée. Cette obsolescence rapide s’explique par l’introduction de nouveaux outils technologiques au quotidien : par exemple, un comptable ou un médecin de 2035 utilisera des systèmes d’IA que sa formation initiale en 2020 n’incluait pas.
Conséquence directe, les employeurs et les travailleurs vont devoir adopter une logique d’apprentissage continu. Déjà, 85 % des entreprises interrogées par le WEF prévoient de former ou requalifier activement leurs employés pour s’adapter aux transformations à venir (WEF: AI Will Create and Displace Millions of Jobs | Sustainability Magazine). La plupart des grands groupes mettent en place des programmes d’upskilling (montée en compétence) et de reskilling (reconversion) pour préparer leurs salariés aux métiers de demain. Près de la moitié des employeurs envisagent même de redéployer des employés dont le poste est menacé par l’IA vers d’autres fonctions en tension au sein de l’entreprise, plutôt que de s’en séparer ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France). Du point de vue individuel, cela signifie que chacun doit s’attendre à changer plusieurs fois de métier au cours de sa carrière, ou en tout cas à faire évoluer substantiellement ses attributions. McKinsey estime par exemple que jusqu’à 375 millions de travailleurs devront changer de catégorie d’emploi d’ici 2030 et acquérir de nouvelles compétences pour occuper de nouveaux rôles (Jobs of the future: Jobs lost, jobs gained | McKinsey). L’agilité professionnelle et la formation tout au long de la vie deviennent donc primordiales.
Les compétences les plus prisées sur le marché du travail vont refléter ce nouvel équilibre entre technologie et complémentarité humaine. D’un côté, les compétences techniques seront de plus en plus demandées : expertise en intelligence artificielle, en analyse de données, en développement informatique, maîtrise des outils numériques, etc. ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France). La compréhension des technologies (IA, robotique, cloud…) fera partie du bagage de base dans de nombreux métiers, y compris ceux qui ne sont pas directement dans le secteur IT. De l’autre côté, les compétences humaines (« soft skills ») prendront une valeur accrue, car ce sont celles que les machines ne peuvent pas imiter facilement. La créativité, la résolution de problèmes complexes, la pensée critique, l’adaptabilité, la communication ou encore la gestion de l’émotionnel resteront le propre de l’humain et seront donc déterminantes ( L’avenir de l’emploi d’ici 2030, selon le Forum économique mondial – Forbes France). Par exemple, un urbaniste ou un manager de 2035 utilisera sans doute des IA pour l’assister dans ses analyses, mais ce sont ses capacités de conception, de jugement et de négociation avec les parties prenantes qui feront la différence – des aptitudes qu’aucune machine ne saurait remplacer pleinement.
En résumé, pour s’adapter au marché du travail de l’ère de l’IA, il faut développer un profil hybride combinant des compétences techniques pointues et des qualités humaines fortes. Voici quelques axes de compétences qui devraient favoriser l’employabilité à l’avenir :
- Littératie numérique et data : être à l’aise avec les outils numériques, comprendre le fonctionnement de bases de données, d’algorithmes d’IA, savoir interpréter des données et interagir avec des systèmes automatisés.
- Capacité d’apprentissage continu : montrer qu’on peut acquérir rapidement de nouvelles compétences, se former de manière autonome, s’adapter à de nouveaux outils ou processus de travail au fil de sa carrière.
- Créativité et innovation : apporter une touche humaine d’inventivité, que ce soit pour concevoir de nouveaux services, résoudre des problèmes inédits ou exploiter de manière originale les technologies (la créativité restant un terrain où l’humain excelle).
- Compétences interpersonnelles : la communication, la collaboration, l’intelligence émotionnelle, le management d’équipe et l’empathie deviendront encore plus cruciales dans les métiers où l’humain est au cœur de la création de valeur (par exemple dans les soins, l’enseignement, la relation client personnalisée).
- Esprit critique et résolution de problèmes : face à des systèmes d’IA qui peuvent parfois se tromper ou biaiser les résultats, il sera vital d’avoir des employés capables de recul critique, de contrôle qualité et de prise de décision éclairée. Savoir poser les bonnes questions aux données et interpréter avec jugement les recommandations d’une IA sera un atout majeur.
Heureusement, les systèmes éducatifs et de formation commencent à intégrer ces priorités. De nombreuses initiatives publiques et privées se mettent en place pour développer les compétences numériques de la population active, former aux nouveaux métiers et faciliter les reconversions professionnelles. L’OCDE recommande d’ailleurs de multiplier les efforts de formation continue pour que les travailleurs s’adaptent efficacement aux nouveaux besoins (OECD predicts that automation will eliminate 14 percent of jobs | Observatory – Institute for the Future of Education). Certains pays investissent massivement dans les programmes de reconversion pour les secteurs en déclin (par ex. former des ouvriers du charbon aux métiers des énergies renouvelables). Les individus, de leur côté, sont de plus en plus conscients que la carrière linéaire dans un seul métier est probablement révolue, et qu’il faudra évoluer en permanence.
Conclusion
D’ici 2035, l’intelligence artificielle agira comme un puissant catalyseur de transformation du marché du travail mondial. De nombreux métiers vont disparaître ou se voir profondément transformés, en particulier ceux fondés sur des tâches automatisables. Dans le même temps, de nouveaux métiers vont émerger et d’autres vont évoluer en tirant parti de l’IA, ce qui pourrait conduire à un monde du travail plus productif et offrant de nouvelles opportunités. Le solde final en termes d’emplois dépendra largement de notre capacité collective à anticiper et accompagner le changement.
Plutôt que de craindre une vague de chômage technologique, il convient d’investir dans le capital humain pour que chacun trouve sa place dans l’économie de demain. Les pouvoirs publics, les entreprises et les individus ont un rôle à jouer : soutien à la formation et à la reconversion, adaptation des systèmes éducatifs, diffusion équitable des bénéfices de l’IA. Comme le résume Cédric Villani, mathématicien impliqué dans les politiques sur l’IA, « l’IA ne va pas détruire tous les emplois, mais elle va en transformer profondément la nature. Il faudra s’adapter en développant des compétences difficilement automatisables » (L’IA va-t-elle remplacer votre emploi ? Les secteurs à risque – Blog Comptabilité Gestion d’entreprise Paie – IG Conseils). En définitive, l’IA est un levier d’évolution du travail : bien maîtrisée, elle peut libérer l’humain des tâches pénibles et ennuyeuses, et catalyser la création de métiers plus enrichissants. Le défi est de préparer dès aujourd’hui la main-d’œuvre aux emplois de 2035, pour que cette transition se fasse de manière inclusive et bénéfique pour le plus grand nombre.
